Je vous ai déjà parlé de mon arrière grand-père, Léon Roussel, qui était officier pendant la première guerre mondiale. J’ai en ma possession un album photo (oui, promis les cousins, quand j’ai fini de le scanner, je le rapporte à Nolay 😉 ) réalisé par Léon avec toutes ses photos prises pendant la première guerre mondiale.

Toutes les photos sont datées, annotées de sa main ce qui est un vrai trésor !

En voici la première page ! Comme vous pouvez le voir, les photos ne sont bien sûr pas toujours de première qualité. Je me fais donc aider par un groupe Facebook nommé GénéRetouches où des petites mains tentent de redonner vie aux vieilles photos ! Mille mercis à eux ! Je vais donc petit à petit compléter cet article, au fil des scan et des retouches ! Et je me permets si une photo n’est pas dans l’ordre chronologique de la remettre dans cet article à la bonne place !

Voici donc la première. J’écrirai en italique les inscriptions de Léon sous les photos ( en espérant arriver à relire sa petite écriture, notamment pour les noms propres …)
Léon Roussel est à cette époque chef d’escadron major du 3ème groupe du 47ème régiment d’artillerie. Il a 48 ans.

On peut retrouver toute la campagne de 14-19 du 47 ème régiment d’artillerie en cliquant ici. C’est décrit de façon détaillée et vivante. On y retrouve tous les hommes dont vous pourrez voir les visages au fil des photos.Egalement le journal des marches et opérations avec beaucoup de détails là. Quand j’en aurais fini avec les photos, je lirai tout ça de près pour rajouter des infos supplémentaires dans l’article. [Edit : j’ai terminé les photos ! J’attaque donc la lecture de ces documents et le rajout en caractères gras d’informations dans l’article !] [Edit 2 : c’est fait !]
J’ai également réalisé un « trombinoscope » de tous les militaires que l’on peut voir sur ces photos et dont Léon avait noté les noms.
Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1914, le colonel Lucotte rassemble ses troupes : c’est le départ pour Belfort. Le 7 août, ils pénètrent en territoire annexé et marchent sur Altkirch.C’est le baptême du feu . Le 13 août, attaque allemande à Reppe où les français ont le dessus. Puis ils se dirigent ensuite vers Mulhouse, Manspach, Dornach. Pendant que le 2ème groupe partent en reconnaissance, le 3ème groupe reste à l’entrée de Dornach pour parer à un retour offensif possible. C’est une victoire mais un triste spectacle que tous ces cadavres allemands …
Le 21 août, le 3ème groupe reprend position sur les hauteurs de Ridisheim et part subitement avec le régiment le 24 au soir à destination du Nord. C’est le coeur serré que les soldats doivent quitter Mulhouse qu’ils viennent de délivrer pour aller au secours de Paris. Ils font route toute la nuit et gagnent la Rivière au matin. Ils tombent de sommeil. Ils repartent pourtant à midi pour Pfaffans pour être le soir même sur la région de Belfort.
Commençons par une carte postale.
« Souvenir de notre départ précipité de Mulhouse le 21 août 1914 »
On peut lire sur la carte : « Destruction du viaduc de Dannemarie sur la Largue opérée le 26 août 1914 par la 3eme Compagnie du 28ème bataillon du Génie de Belfort. Brèche de 70 m de partie et de 23m70 de hauteur. »


Le 27 août, ils débarquent dans la région d’Amiens Corbie. Le 28, le canon sonne sans relâche du côté de Guise. Chacun devine que demain sera dur… Le 29, ils se dirigent vers Harbonnières. Ils cachent leur matériel à hauteur de Bayonvillers. Le lieutenant colonel Tomasini (ami de Léon) annonce que la situation est grave. Ils ont pour mission de sacrifier la division pour retarder de quelques heures l’armée de Kluck et couvrir des débarquements … L’armée avance à pas de géants comme une vague irrésistible qui veut engloutir Paris… Le 3ème groupe se place au sud Ouest de Méricourt. La bataille fait rage. La 2ème batterie est la plus éprouvée. Ils réussissent à contenir l’ennemi quelques heures. Il serait fou de vouloir résister d’avantage. L’artillerie couvre alors le départ de l’infanterie. Le soir, rassemblement lugubre du régiment à la lueur des incendies aux environs de Marcelcave.
Le 30 août, Ils arrivent à Assainvillers sous une chaleur accablante. Le spectacle est triste tout au long de la route : les habitants fuient en prenant à la hâte quelques affaires, les vieux dirigeant les charrettes, les jeunes les poussant … Ils entendent pendant le trajet les éclats du canon. Le 31, ils arrivent sur Clermont où ils stationnent jusqu’au 2 septembre. Puis ils partent vers Noise-sur-Oise, le 3 à Louvres. Le pays est pillé, les maisons éventrées. Le 4, Marly-la-Ville, le 3 Plailly. Le 14 ème régiment vient d’être mis à la disposition du général Maunoury pour former l’armée de Paris. Pendant cette période dans les batteries dirigées par Léon, trois blessés : le maréchal des logis chef Louis Paquette, les canonniers Cavagnac et Fraissat.
Le 6 septembre 1914, le régiment quitte Plailly. Le troisième groupe part dans la direction de Plessis-Belleville. Dans le village, des maisons éventrées, des troupeaux affamés errants, un boeuf en putréfaction à moitié dépecé, des cadavres d’hommes et de chevaux … Ils vont à l’est de Chevreville puis le 3ème groupe se place au nord de la côte 139. La bataille bat son plein. L’ennemi veut briser l’élan des français. Le groupe subit des tirs sévères. Le capitaine de Joigny est touché et meurt sur le champ de bataille. Le lieutenant Leclerc hurle : « A mon commandant ! ». Le maréchal des logis Demet en voulant récupéré un débouchoir oublié est tué lui aussi, les pièces ne devant pas tomber dans les mains des ennemis … Pendant que le 3ème groupe vit ces heures tragiques, le lieutenant-colonel Tomasin, le grand ami de Léon, galope d’une position à l’autre. Mais il est arraché de son cheval par un obus qui lui broie les cuisses … En mourant, il dit ces mots à un fantassin qui vient à son secours : « La mitrailleuse que vous allez ravitailler est plus intéressante que moi, allez mon ami, je vais mourir. ». Son adjoint le lieutenant Weiss est aussi frappé à mort. Le soir, les hommes sont exténués. Ils bivouaquent près de Bouillancy et dorment sans avoir la force de manger.
Les 8 et 9 septembre, le régiment contient les attaques en soutenant l’infanterie. Ils assistent impuissants au défilé ininterrompu des colonnes allemandes qui à 9000 environ traversent la Marne pour remonter vers le Nord. Impossible de les atteindre. Mais la canonnade ennemie s’intensifie avec l’impression d’être débordé sur l’aile gauche. Il est trop dangereux de bivouaquer sur place, ils vont près de Bregy. Le 10, ils apprennent que l’armée allemande est en fuite, la bataille de la Marne est gagnée, au prix de combien d morts et blessés !
Le lieutenant colonel Tomasini ayant été tué, c’est Léon Roussel qui le remplace et passe le commandement du 3ème groupe au capitaine du Colombier.

Le 10 septembre, l’ennemi bat en retraite, le régiment les poursuit, ils n’ont qu’une avance de quelques kilomètres. En traversant la forêt de Retz,ils croisent un avion allemand brûlé. Le 12, la bataille de l’Aisne va commencer et durer jusqu’au 21, avec deux armées également épuisées. Ce sont les derniers temps de la guerre de mouvement. Le régiment est accueilli sur le Plateau de la Ferme de Pouy par un tir d’extrême violence. Mais l’artillerie adverse est hors de portée. Le capitaine MArguier meurt frappé par un obus. Il y a une pluie glaciale. Le 13 la poursuite continue. La bataille demeurera active jusqu’au 20. Les soldats essaient de se protéger avec les bottes de paille ou se réfugient parfois dans des grottes voisines. Une vingtaine de combattants du régiment meurent durant cette bataille et de nombreux autres sont blessés.
A partir du 20, on organise le terrain occupé pour en assurer la défense. Le régiment demeurera sur l’Aisne du 20 septembre au 13 décembre 1914. La vie générale dans le secteur fut alors une succession de périodes relativement calmes et d’opérations à but restreint. Au début, on est dans l’attente d’une reprise de la guerre de mouvement puis peu à peu apprennent à manier pelle et hache pour construire abris, gagnas, observatoires.
Le 3ème groupe occupe du 3 au 29 octobre une position près du château de Montenois.
« En octobre 1914. Quels brillants uniformes ! Visite au château de Montois – Colonel Lucotte et Bordeux. »

Le 12 novembre 1914, ils montent près de Crèvecoeur appuyer l’attaque déclenchée à cette date.
« 11 novembre 1914. Installation rapide de 2 batteries au nord de l’Aisne en vue de l’attaque de Saint Victor et Saint Léocade du 12 novembre. Lieutenant Schwander. «
On les voit en train de creuser des emplacements de pièces pour leurs tirs.

Le 18 novembre le commandant Roussel rentre de l’hôpital (malade ? blessé ? ) prend le commandement du 3ème groupe.
Le 30 novembre, la 8ème batterie occupe une position avancée près de la Ferme Moufflaye où elle vit à proximité des grottes où hommes et chevaux sont entassés sans lumière et sans air.
« Fin novembre. Arrivée du groupe à la carrière de Mouflay. Il fait très froid mais Duc se réchauffe à l’alcool. Rouhard (tué le 23 septembre 1915), Duc, du Colombier, Marty ( tué le 21 février 1916), Ilbert. »


Le 13 décembre 1914. Il fait très froid. Les batteries quittent les rives de l’Aisne et s’en vont dans la région de St Rémy. Le repos dont elles jouissent au début est utilisé pour la vaccination et la remise en état du personnel et du matériel.
« Décembre 1914. Notre premier cantonnement de repos de la campagne. St Rémy, au sud de Soissons où nous allons séjourner pendant 3 semaines. »

(version colorisée de la photo !)

« décembre 1914 – Schwander, dit le Tigre, préside à notre ravitaillement en munitions. »

La même photo colorisée

« A St Rémy – décembre 14 – Le fidèle Cassagnac, bon à tout faire. »

Et on tourne la page ! Nous sommes en décembre 1914. Léon photographie les différents groupes.

« Flanerie au cantonnement. Aubert-Schwob-Marchal-Daubron »

« 2ème groupe : Masson, Gorse, Lecomte ( mort en octobre 1917), de Verchère, Astier, de Carcouet, Lejeune. »

« 28 décembre. 3ème groupe :
derrière : Mégnin, Blanchet, Boizot, Mérouard, Aubert, Vincens
devant : Marchal, Schwob, Bordeaux, Leclerc (tué le 27 septembre 1915), colonel Lucotte, Schwab, moi, Daubron.
Le petit conscrit. »
Donc notre Léon est le quatrième en partant de la droite.

« 26 décembre : La première bino de la campagne. Leclerc, Haas, Bordeaux, moi, Daubron, Blanchet, Marchal, Party (tué en 1918), Boizot. »
l’abréviation bino signifie binoculaire, c’est-à-dire une sorte de jumelles sur pied avec un fort grossissement.

« décembre 14. Cadavre boche photographié par Le Maguet non loin des tranchées boches. Il est là depuis le 20 septembre. »

Au commencement du mois de janvier, quelques modifications sont apportées au cantonnement dans le but de rapprocher le régiment de l’arrière front de Soissons.
Janvier et février 1915.


« 1er janvier 1915 – Le colonel Lucotte avec Schwob vient nous souhaiter la bonne année à Saint Rémy – 3ème groupe. »

« Le 138 – Mon ancienne grotte s’organise, elle a déjà une porte ! Leconte, Astier, Dr le Maguet. Janvier 1915 »

« Lieutenant Haas. 9ème batterie. »

Le 12 janvier 1915, après une attaque des Français, a lieu une énergique contre attaque dirigée par le Kaiser en personne. Au matin du 13 janvier, les groupes 2 et 3 se dirigent vers Soissons pour tenter le passage de l’Aisne pour rétablir la situation.
13 janvier 1915. Affaire de Soissons. Un défilé de prisonniers passe devant le groupe en position d’attente sur la route. Je les examine du trottoir. »
Léon est debout à gauche.

L’affaire de Soissons est en fait la bataille de Crouy qui s’est déroulée du 8 au 14 janvier 1915. Une offensive française est refoulée par les allemands qui déclenchent une contre attaque. 12000 soldats français mis hors de combat dont un grand nombre de disparus, plus de 5000 français prisonniers. Les troupes françaises sont alors rejetées au sud de l’Aisne, devant Soissons.
« 13 janvier 1915 – Encore un convoi de prisonniers passant devant nous sur la grand-route. »

Le 15, ils prennent position sur les hauteurs de la rive sud entre Belleu et le château de Ste Geneviève. Ils y restent jusqu’au 19 janvier puis vont dans la région de Vivières.
« 31 janvier 1915 : Quel est ce vieil homme ? »
Il s’agit bien sûr de Léon lui-même, qui a bien du mal à se reconnaître avec cette barbe hirsute poivre et sel, lui qui était habituellement toujours bien rasé !

En février commence le long stage du régiment dans le secteur Vingré-Nouvron-Fontenoy. Le 3ème groupe y arrive le 3 février. Ils sont donc sur les rives de l’Aisne. Léon commande le sous-groupement de Roche (faisant partie du groupement nord) constitué par les 3 batteries du groupe 3. Ils modifient à plusieurs reprises leurs positions. Ce séjour dure 5 mois. Durant cette période, on essaye par tous les moyens de causer des pertes à l’ennemi, on installe des observatoires, on se lance dans la contre-batterie, on affine l’identification des calibres ennemis, on se lance dans le tir contre avion…
« 3 février 1915. A la ferme de Lépine. Les lieutenants font bombance pendant que je suis avec les capitaines en reconnaissances à Port.
Schwab, Rouhard, Martinelli, Aubert, Odinot, Lamy. Dans le fond, les cuisiniers Payot et Cassagnac. »

« Docteur Le Maguet du 2ème groupe, tué le 20 février 1915 d’une balle au coeur, sur le chemin 130-Vingré où il cherchait des sujets de photographie. » 
« Mon pauvre beau-frère Théo Petit, tué le 17 avril 1917. Photographie de février 1915″
Il s’agit du mari de sa petite soeur, Louise. Ils ont deux filles, Thérèse et Annette (les cousines donc de ma grand-mère Suzanne) , que l’on voit plus loin dans l’album.

Mars-avril 1915 :


« Mars 1915 – Le pont sur chevalets et le pont sur bateaux accolés au Port. »
sur les rives de l’Aisne.

« Mars 1915. Mon ami Bordeux à la palette (Roches). Il vient d’enlever le pansement qui lui entourait la tête depuis Soissons. Oh ! Qu’il est laid ! »

« Entrée de la grotte « Joigny » PC de la 9ème batterie.
Le vieil homme, Rouhard, Marchal, Odinot. »
Quand il dit le vieil homme, comme toujours, c’est de lui dont il parle !

« Encore la grotte de Marty »

« intérieur de la Grotte Joigny. Cherchez Marty ? «

« Installation de la bino ( binoculaire) au dessus de Vaux pour battre la côte 112 et Cussy. Leclerc, Monnot, le vieil homme »

« Mars 1915- Cimetière et ruines de la ferme de Confrécourt.

« Mars 1915. Chez Bordeux à la Palette. On ne s’embête pas ! L’illustration et la vie Parisienne font nos délices. A gauche et en bas, une plaque de blindage rapportée des tranchées. »

« Mars 1915. Le Colonel et Bordeux en promenade à 138. »

« Bordeux donne ses instructions. Bordeux, du Colombier, Schwob, Masson. »

« Mars 1915 – Manoeuvre de la Saucisse du Lieutenant Jeudelin ».

Cette « saucisse » est un ballon d’observation. Ces aérostats à usage militaire sont destinés au renseignement et à l’observation d’artillerie.

« Avril 1915. Notre salle à manger à Port. Les pauvres vieux propriétaires, Delmotte, habitent la cave. C’est d’ailleurs plus prudent. Duc-Ilbert-Le vieil homme. »

« 21 avril 1915. Visite du Président Montarju-Observatoire. Millerand, Poincaré, Lucotte, Général Crepey. »

Avril-Mai 1915


« Le 22 avril 1915. La 7ème batterie dans le ravin de Vaux. Aubert, Masson, Leclerc, Bordeux, moi.’

« L’allée de la 7ème batterie à Vaux. 25 avril 1915. Masson, Leclerc, Vincens, un médecin de l’ambulance, Monnot. »

« Leclerc devant sa maison à Vaux. »

« Lamy et Leclerc le même jour. »

« 9 mai 1915. Château des Mardensons à Fontenoy. Souvenir d’un excellent déjeuner chez le Colonel Auroux du 60ème RI, suivi d’un concert violon et piano. «

« 11 mai 1915. Poste Tomasini à 138. Foucault ( tué le 1er octobre 1915), Pouillet, Maigret, Bordeux, Gorse, Le Colonel, de Carcourt, Astier, Schwob, Masson, Vincens, Leconte, de Verchère.

« 20 mai 1915. Visite à la batterie de Leclerc, la perfection du camouflage. Bordeux, Lucotte, Daubron, Leclerc, le vieil homme. »

« Bordeux en promenade à 138 »

« chez Leclerc. Mai 1915″ (portrait de Léon)

« Dans sa chambre, le vieil homme fait semblant de travailler. »

« Mai 1915 – Salle à manger de Leconte à 138. Gorse, Leconte. »

« Ferme de Confrécourt en mai » (avec Léon à droite)

« Ferme de Confrécourt en juin »

« A Vaux. Leclerc, Daubron, Bordeux, le général Lacotte, le colonel Lucotte, Schwob. »

« Dans mon petit jardin à Vaux. Monnot, moi, Duc, Rouhard. »

« Marty, Ilbert et Haas sous leur tonnelle à Joigny. »

« juin 1915. Chez le général Lacotte. Le Colonel, Bordeux, Leclerc, le Général, moi, de Villard (tué le 25 septembre 1915) »

« Aubert et Monnot à Vaux. »

« de Vaux à Port. Leclerc, Boizot, Aubert. »

« Nous nous acheminons vers la popote. » (Léon au milieu)

« juillet 1915. Dans la propriété Leclerc-Aubert. »

Juin 1915


« juin 1915 : le village et l’église de Fontenoy (Aisne) »

« Juin 1915. Les auto-canons font leur apparition sur le front.

« Juin 1915. Des mitrailleuses installées contre les avions dans les tranchées. »

« Rouhard dans les tranchées. »

« Le 138. Martinelli, Vincens, Strohl, Bordeux. »

« Ma première cagna de la campagne avec le Général Fais. Elle n’était alors qu’une grotte informe. De Villars, Bordeux, Foucault. 15 juin 1915 »

« Le Village de Port et sa route si bombardée. Rouhard. »

« Une pièce de 75 à 138. »

portrait de Léon

« Une tranchée avec ses observateurs. » (Colorisée !)

Le séjour à 138 est coupé par une opération brillante exécutée dans le secteur voisin et qu’on catalogua « Affaire de Quennevières ». La 6e batterie y est détachée et le capitaine Strohl, qui la commande, en revient avec une lettre élogieuse de félicitations. Son personnel de liaison grisé par la victoire, est, au soir, pris dans le remous d’une contre-attaque ; le maréchal des logis Paris et le canonnier Jacquemin forment un îlot de résistance et défendent avec des grenades leur poste téléphonique.
Inquiet de ces opérations, l’ennemi, pour immobiliser les troupes des secteurs voisins, se lance sur tout le front dans une Contre préparation offensive violente et meurtrière.
« juin 1915 – Affaire de Quennevière. »

L’artillerie de 138 subit des pertes lors d’opérations . Ce fut un avertissement. On se casemate et on étale alors les batteries sur toute la bordure des bois jusqu’à la ferme de Confrécourt.
« Caisson éventré à 138. »

« Sur notre escalier. Payot, notre cuistot. »

« Les héros de la Grande Guerre ! Leclerc, Aubert, Méchin, Daubron »

« Juin 1915. Devant ma maison. 7 heures du soir. Un avion français se fait sonner. Ilbert, Ebersolt, Duc et moi. »

« Mes braves propriétaires : M et Mme Delmotte. »

Juillet 1915

« auto-canon en batterie. juillet 1915″

« Juillet 1915- La baignade à Roches. »

« Juillet 1915. A la Palette , le fidèle Vincens écrivant sous la dictée de Bordeux.
« Bordeux dicte son compte-rendu à Vincens qui lui fait face. »

Le montage des deux photos !

« Chez Leclerc, devant l’objectif ! »

« Juillet 1915. Peau neuve ! »

« Juillet 1915. Marty et Haas dans les tranchées. »

Le régiment quitte définitivement le secteur de l’Aisne le 25 juillet 1915.
Juillet 1915 : la permission


« Ma première permission ! 8 bons jours à Nolay du 21 au 28 juillet 1915 au milieu des miens et de Louise et ses deux enfants, Thérèse et Annette. »
La joie des retrouvailles avec sa femme Camille

Léon en civil ! (dans le jardin de Nolay nommé « le clos »)

Léon et Camille ont deux filles : Suzanne, ma grand-mère, qui a seize ans ( à droite) et Cécile qui a 14 ans ( à gauche).

Louise est la petite soeur de Léon. Son mari Théo est au front et sera tué en 1917 … Ils ont donc deux filles : Thérèse et la petite Annette.

Léon et sa famille font des promenades dans les environs de Nolay.
Camille, Thérèse, Léon, Annette, Louise et Suzanne.

Les cousines : Thérèse, Suzanne, Cécile et la petite Annette.

Dans le jardin de Nolay : la chienne Zette, Camille, Louise, Suzanne et Thérèse (je crois)

Sur les falaises près de Nolay : Annette, derrière : Louise, Cécile, Camille, Suzanne, Thérèse

Suzanne, Thérèse, Camille, Cécile, Annette, Louise

Camille, Cécile, Louise, Annette, Thérèse et Suzanne

A la grotte du bout du monde près de Nolay : Suzanne, Camille, Annette, Louise, Thérèse et Cécile.

Il photographie ses filles : Suzanne

et Cécile

Cécile avec ses poules !


Août 1915. Mais après la permission, il faut retourner au front.
Le régiment arrive le 29 juillet 1915 au matin dans la région de Neuilly-Saint Front et y reste au repos jusqu’au 15 août. Il en profite pour remettre de l’ordre dans ses unités dont les éléments divers ont vécu dispersés pendant les longs mois qu’ils viennent de passer sur l’Aisne.



« 10 août 1915. Revue à la ferme des Loges par le Général Joffre de la 14ème division, qui va prendre part à l’offensive de Champagne et y laisser les 3/4 de ses effectifs … Je monte Joyeuse. Aubert. Marty.

Léon sur Joyeuse.


« Des avions survolent la division. Duc. Rouhard. » 
« Le général Joffre (en bleu) va prendre sa place pour le défilé. »
Comme il n’y a pas de couleur, je suppose que Joffre est celui habillé de la couleur la plus foncée, devant.

« Repos à Vichel-Nanteuil, au sud de Soissons du 28 juillet au 16 août. »
« 11 août – Je retrouve mon brave ami Ledoux à Neuilly-Saint Front. Le 25 septembre, à la sortie des fantassins, il se dresse, enthousiasmé au-dessus de la tranchée en s’écriant : « Ah qu’ils sont beaux » et tombe, frappé d’une balle dans les reins. »

« Ledoux et son chien Percutant. »

« Le 12 août, Ledoux vient déjeuner avec moi. »

« Ilbert et Rouhard dans leur chambre à Vichel-Nanteuil. »

Le 17 aout, les troupes gagnent le village de la Veuve. Le pays qu’ils traversent est triste et plat ; c’est ce qu’on appelle la Champagne pouilleuse. Du 17 au 29, les officiers vont à tour de rôle par groupe reconnaître mystérieusement divers secteurs entre St Hilaire et Suippe. La randonnée comporte 50 km à cheval coupés par trois heures d’excursion dans les boyaux et les premières lignes. C’est une distraction comme une autre.
« La Veuve, du 18 au 28 août. Que faire au cantonnement ? On flâne. Néchin-Marty-Haas-Leclerc et moi »

« Conférence sur les gaz à Nanteuil, 7eme batterie. Schwander, Aubert et moi »

« Devant notre popote. Moi, Leclerc, Méchin, Schwob, Rouhard. »

« Duc – Méchin – Schwab – Schwander – du Colombier – Marty – Haas »

« Types de cagnas en sapes. » ( ce qui signifie : types d’abris en bois de sapin !)

« Locomotive blindée au camp de Chalons. août 1915. »

Le 29 août, les hommes ont enfin reçu quelques effets d’habillement et portent le casque qui ne les quittera plus. Le 30, on fait des reconnaissances et le 31 au soir, les positions sont occupées entre la ferme des Wacques et Jonchery.Sur les routes, la circulation est formidable : les camions et les prolonges forment de longues colonnes. Tout le long du front s’amoncellent les munitions et les matériaux. On construit les bivouacs d’échelon, les positions des batteries, et en ligne les places d’armes, les observatoires et les réseaux téléphoniques. C’est une attaque avec de gros moyens que pour la première fois on monte et partout règne une activité fiévreuse. Le 47 ème prépare tout dans les moindres détails. L’attaque est fixée au 25. Il y aura trois jours de préparation pendant lesquels on détruira les mitrailleuses et les fils de fer.Dans un ordre du jour aux troupes, le général Joffre expose les chances de succès : l’obstacle est formidable sans doute, mais les moyens ne le sont-ils-pas aussi ?
« septembre 15 – vue prise de mon PC. Ravin d’Herniés inondé de gaz toutes les nuits, la côte d’Hautremont où est le 1er groupe (Aillard) , le Bois Navé (3ème groupe) »

septembre – octobre 1915. La meurtrière offensive de Champagne.

« Le premier groupe quelques jours avant l’offensive de septembre 1915.
?-?-?-de Florian, Fayette, Pouilley, Boutet, ?, Blanchet, Braun, Baillet, Marey, Ebersolt, de Villars, Foucault, ? »
Sur la photo, il indique d’une croix les officiers qui sont tués, et d’une double croix ceux prisonniers.

Le 12, les capitaines de chaque groupe s’en vont aux premières lignes avec leurs téléphonistes. Marty est le capitaine du 3ème groupe.
« Préparation de l’offensive du 21 septembre. Marty et sa cagna à 151. »

Colonel Lacotte et moi – 12 septembre. »

« Un 220 allongé. Puisse-t-il faire de la bonne besogne !

12 septembre : Le Colonel et du Colombier. »

« 12 septembre 1915 – Près de l’observatoire de du Colombier. »

« Visite chez les fantassins. J’ai emmené Chippeaux, mon ordonnance. 20 septembre. »

Du 20 au 25, les batteries sans arrêt martèlent le front adverse rendant impossible la vie de l’ennemi en dehors des abris.
Les pièces, dont la moyenne de débit journalier atteignent les 800 coups, ne peuvent soutenir ces efforts que grâce à des soins constants. A tour de rôle, chacune d’elle s’arrête quelques minutes et les servants profitent de cet arrêt pour refroidir les tubes et graisser tous les organes.
D’abord l’ennemi tolère l’activité puis peu à peu il touche les premières lignes et les batteries. L’ennemi est renseigné par déduction, par ses espions… Les pertes commencent à s’aligner …
« 23 septembre. La préparation d’artillerie est commencée. Pendant une accalmie. Commandant Martin – Duc – Rouhard. »

Le 24 au soir. C’est demain le jour J. La nuit se passe dans l’attente anxieuse de l’aube. La brume subsiste encore quand sonne l’heure fixée pour le débouché de l’attaque. Une éclaircie fugitive permet de deviner la sortie de l’infanterie. Des petits groupes se battent au milieu des lignes allemandes. Il y a déjà de nombreuses pertes. A l’heure fixée, trois sous groupes d’artilleurs « les pièces d’accompagnement » dirigés par des sous lieutenants ou lieutenants se précipitent vers la ligne ennemi pour se mettre en batteries mais la plupart tombent sous les balles tirées à bout portant … La 3ème pièce d’accompagnement commandée par le lieutenant de Carcouet en sort miraculeusement indemne. Sur la droite, la progression est plus ample et le 3ème groupe peut pousser ses batteries un peu plus en avant. Au centre et à gauche, les artilleurs réalisent des tirs précisant pour protéger les fantassins terrés dans des trous d’obus, éclaboussés par des tirs de mitrailleuses, matérialisant une ligne difficile à définir. Pour préciser cette ligne, les coureurs et téléphonistes font la navette. Les hommes tombent … Le 26, la situation s’éclaircit. L’ennemi lâche pied et l’infanterie progresse. C’est alors la chevauchée à travers les lignes conquises. Les groupes 1 et 2 traversent les bois déchiquetés qui empestent les gaz, les téléphonistes courant rejoindre les officiers qui là haut sur la crête sont déjà au milieu de l’infanterie butée aux mitrailleuses d’une ligne nouvelle garnie d’un épais réseau de fils de fer. C’est cette ligne qu’il va falloir enlever. Attendant l’ordre d’attaque, les fantassins harassés sont étendus à la lisière du bois, le bruit des balles dans les arbres les laissant insouciants. Qu’est ce que cela après ce qu’ils ont vu ? A 14 heures, la vague humaine doit s’ébranler à nouveau pour marcher à l’attaque. Les artilleurs du 47ème régiment ont alors pour mission de lui frayer la route. Ils ont une heure pour régler leurs tirs ce qui est complètement insuffisant. Les hommes tombent encore. Sur la droite, une brigade trouve un point faible sur la ligne et prend pied sans la tranchée des Tantes. Mais ils auraient besoin de renfort et les réserves tardent.Le soir, l’infanterie, réduite parfois à une compagnie par régiment, résiste sur le terrain qu’elle a payé trop cher pour le vouloir abandonner. Il y a forcément des trous dans la ligne avec des effectifs aussi appauvris mais le 47 ème régiment est là pour y parer ; les capitaines restent à l’observatoire avec le personnel de liaison et quelques officiers seuls redescendent vers les batteries pour y passer la nuit sur le qui-vive. Les balles de mitrailleuses, dont les trajectoires épousent la forme du terrain, les accompagnent dans ce pénible retour du 26 au soir et l’une d’elles blesse à la cuisse le lieutenant GORSE, orienteur du 2e groupe. La bataille continue ardente le 27. Malgré l’insuffisance des destructions, les attaques vont succéder aux attaques, avec la même énergie furieuse, pendant plusieurs jours encore. Sans souci de la fatigue et des pertes, l’artillerie fait ce qu’elle peut. Dans toutes les batteries, les capitaines, rivés aux observatoires de fortune qui couronnent la crête, interdisent à l’ennemi tout mouvement offensif et maintiennent inviolables les résultats acquis. Au 3ème groupe, le lieutenant Leclerc et le sous lieutenant Rouhard ont été mortellement frappés à leur poste d’observation.
« 28 septembre 15. Une pièce de Marty (9ème batterie) faisant du tir à vue directe dans le bois 29. »

L’offensive a été terrible, la division perd une majeure partie de ses hommes… Le tiers des officiers est mort…
« 29 septembre. Nous prenons un féroce plaisir à dénombrer les cadavres boches. »
En voyant cette photo, je pensais au dormeur du val de Rimbaud :
"C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit."

« Mais au bois 30, nous vivons 12 jours au milieu de véritables charniers. »

« Cinq cadavres boches à côté de mon réduit. »

Le 1er octobre, c’est le sous lieutenant Marey et le capitaine Foucault qui tombent…
L’infanterie s’en va épuisée, l’artillerie reste. Des unités plus lourdes s’avancent.
« 3 octobre 1915. Mon téléphoniste Vatoux à mon observatoire du bois 30 traversé par un obus. »

Le 4, une compagnie peut passer à travers une brèche faite la veille. Le régiment reçoit alors l’ordre d’aller panser ses blessures …
Cette offensive de Champagne est une des plus sévères actions dans lesquelles le régiment ait été engagé.
Le but final n’est pas atteint sans doute et Vouziers, dont on prononçait le nom à la veille du 25, demeure encore dans le lointain des lignes ennemies, mais une étape avait été faite, ils ont enlevé des fortifications que l’ennemi supposait inviolables.
Le régiment se rassemble au camp de Suippes dans la nuit du 10 au 11 après une marche rendue mouvementée par la persistance, des tirs ennemis et l’état chaotique du terrain. Le séjour dans le camp est utilisé pour panser les plaies et honorer les morts.
En tête des récompenses promises, arriva bientôt la première citation du régiment à l’ordre de l’Armée (une des premières données à un régiment d’Artillerie) puis, des citations individuelles à tous les échelons et enfin des médailles militaires et des Légions d’honneur.
« 11 octobre. Les récompenses. Le Colonel Lucotte remet la Légion d’honneur à Delerot, Sthrol et de Carcouet, au camp de Suippes. »

« Le 11 octobre 1915 – Après la remise des décorations, on va boire le champagne. »

« 13 octobre. On devise sur les événements terribles qui viennent de se dérouler. Bordeux, le Colonel et moi.

« A Jonchery, la tombe de de Villars tué le 21 septembre. »

Le 19, un nouvel ordre d’alerte brutal fait sauter tout le monde à cheval. A 15h, le régiment s’en va pour aller à Mourmelon à 25 km de là. Le groupe 3 bivouaque dans la région et ne montera en ligne que le 25. Ils subissent des bombardements sérieux avec l’obligation de changer fréquemment de positions. Mais il y a plus de fatigue que de casse. Ils restent dans le secteur Weze-Thuizy-Prosnes jusqu’au 13 décembre 1915. Ils gardent dans l’ensemble une impression plutôt bonne de cette période intermédiaire entre l’attaque de Champagne et la montée à Verdun.
» octobre 1915. Aux ouvrages blancs. Ragot et sa pièce contre avions. »

« Plateforme et camouflage de la pièce de Bagot. »

Novembre et décembre 1915



« Novembre 1915 – Autel de campagne installé dans le bois de sapin à l’Est de 148. »


« Novembre 1915 : On construit la 9ème batterie. »

« En décembre 1915, à Baconnes, la 9ème batterie (Marty) «

« Autre aspect de la 9ème batterie. »

« Décembre 1915. Marty dans sa cagna. »
On peut voir les cartes accrochées au mur.

« Mon PC à Baconnes. Ma canna souterraine est dans le fond. Je suis très fier de mon oeuvre. »

« Tout au bonheur de vivre, nous nous livrons, mon cher petit adjoint Aubert et moi, à l’art de la photographie, sans grand succès d’ailleurs. Décembre 1915, dans notre bois de sapins de Baconnes »


Le régiment quitte ses positions dans la nuit du 13 au 14 décembre 1915 pour gagner par étapes la zone voisine de Bar-le-Duc.
« Excusez ma pause, le soleil me tape dans l’oeil ! 13 décembre 1915. Château de Fagnières. »

« 14 décembre 1915. Au château de Fagnières, après le déjeuner d’adieu offert au colonel Lucotte.
Méchin – Mégnin – Bagot – Bordeux – Duc – Aubert – Dreyfus – moi – le colonel Lucotte – Ilbert. Un avion nous survole durant la pose. »

Le 15 le régiment stationne dans la région de Songy. C’est là que le colonel Lucotte vient lui faire ses adieux.
« Mon adjoint Aubert »

« Notre propriétaire, le vieux monsieur Marcheret, habillé en guerrier. »

Le 19 décembre, le colonel Bernard est désigné pour remplacer le colonel Lucotte. Il prend son commandement alors que les groupes s’installent dans leurs campements définitifs de Mesnil-sur-Saulx, Le Bouchon et Danemarie-sur-Saulx.Du 19 décembre au 15 janvier, les unités ne quittent pas cette zone.
« Pendant ma permission, réception du colonel Bernard par le 3ème groupe à Dammarie. Marty, Bordeux, Bernard, Moi, Bagot, Monnot, Ilbert, Christe, Aubert, Méchin. »

« Le groupe au repos à Dammarie du 18 décembre 1915 au 15 janvier 1916. Devant la porte de la popote. Au centre, le colonel Bernard nouvellement arrivé. Le colonel Bernard a été tué le 25 juin 1917. »

En route vers Verdun … : janvier-avril 1916


« En permission à Dijon du 6 au 14 janvier 1916 »
On voit ici ses deux filles : Cécile à gauche et Suzanne à droite.

« Sur la place Saint Bernard »

Le régiment va au camp de Mailly du 23 janvier 1916 au 3 février pour faire des manoeuvres et achever la mise au point d’ensemble entre l’artillerie et l’infanterie. Cantonné dans les villages qui avoisinent le camp, le régiment n’y goûte pas sans doute un grand confort mais la possibilité de vivre et de galoper loin des marmites constitue à elle seule un charme appréciable.
Le 3 février 1916, la division quitte brusquement Mailly et, par voie ferrée cette fois, regagne la région de Revigny, Bar-le-Duc.
Est-ce à dire que quelque chose se prépare ?
Mystère. Nul tuyau ne circule.
Sceptiques donc sur le lendemain, les hommes philosophiquement se contentent de vivre gaiement ces quelques journées du 3 au 10 pendant lesquelles ils s’acheminent, par voie ferrée, jusqu’à Revigny puis, par la route, jusqu’à Trémont.

Le 10 février 1916 au matin, parvient l’ordre de pousser des reconnaissances dans le secteur de Clermont-en-Argonne. Le secteur est réputé calme, les officiers annoncent à leurs hommes la bonne nouvelle. Mais un contre ordre bref leur ordonne de retourner dans leurs cantonnements. Il paraît qu’une menace très sérieuse est craindre du côté de Verdun. Mais le 15 brutalement des automobiles viennent enlever les officiers, le régiment doit suivre c’est sûr … A la nuit noire, les commandants de groupes et de batteries, auxquels s’est joint le colonel BERNARD, arrivent à la caserne Bevaux où, d’importants bureaux organisent la défense de Verdun. La mission très brève est vite donnée : une formidable attaque est imminente, elle devait avoir lieu le matin, elle aura peut-être lieu le lendemain, il faut, qu’au jour, les batteries soient en mesure d’assurer le barrage. Comment conduire et mettre en place, de nuit, de l’artillerie dans un terrain inconnu ? Les batteries, par une pluie torrentielle que vous fouette au visage un vent glacial, gravissent les pentes des Hauts-de-Meuse. Au jour les groupes 2 et 3 étaient en place prêtes à tirer. C’est de cette façon que le 47ème régiment fut jeté à Verdun.
Trempés jusqu’aux os, hommes et officiers bivouaquent dans les marais, la pluie continue très froide. C’est dur et, pour la première fois, quelques-uns parmi les plus robustes tombent malades (le lieutenant de VERCHÈRE, lui-même, est évacué avec un commencement de congestion).
On serre des dents pour ne pas grelotter, on réagit et on s’organise. L’attaque se confirme, de plus en plus probable, de plus en plus formidable. Nombreux sont les déserteurs allemands, qui, chaque jour, quittant les lignes ennemies, viennent nous en donner tous les détails et nous communiquer jusqu’aux ordres du Kronprinz.
Sur plusieurs kilomètres de profondeur, depuis la zone de Montfaucon, jusqu’à celle d’Étain, des canons se touchent, prêts à ouvrir le feu.
En arrière, des munitions forment des pyramides qui émaillent toute la plaine.
Sous les tirs de préparation, rien ne pourra résister ; ce qui ne sera pas écrasé sera noyé sous une vague de gaz qui ne pardonnera pas. Ces renseignements sont vraiment effrayants.
Au matin du 21, le colonel BERNARD convoque les commandants de groupement pour leur donner ses dernières instructions.
Pendant cette réunion, l’ennemi commence un bombardement violent jusqu’à l’extrême limite de la portée de ses canons. Le marmitage infernal continue jusqu’au soir. Le 3ème groupe annonce 44 chevaux et 22 hommes hors de combat … Le capitaine Marty, un des officiers les plus aimés de ses camarades et de ses hommes, est tombé … Au PC de la scierie, les explosions se succèdent sans arrêt. Le 23, le régiment vient en aide à la 51ème division mais le 3ème groupe subit sa riposte qui brise un canon, fait sauter un caisson et blesse deux canonniers et le lieutenant Aubert. A 15 heures, l’attaque générale prend de l’ampleur. L’ennemi progresse sur les Hauts-de-Meuse et s’approche de la 9ème batterie. Le lieutenant Duc récupère les canons pour ne pas les laisser à l’ennemi. On replie le 3ème groupe, on organise le ravitaillement pour la nuit mais un coup de téléphone à minuit avec ordre de détruire les munitions qu’on ne pourra emporter et de se rendre sur les Hauts-de-Meuse pour y être en batterie avant le jour. Le souvenir de cette nuit obsède tous ceux qui l’ont vécue. Avant le jour, les canons quittaient les positions, n’y laissant pas un seul obus. Ce qui n’avait pu être tiré, avait été détruit, défoncé, noyé, enterré et non brûlé pour ne pas faire voir à l’ennemi des incendies précurseurs d’un mouvement de retraite. Et ils s’en vont sous les rafales , le long des routes encombrées d’une triple rangée de voitures, où l’on voit, pêle-mêle, des batteries d’artillerie, des T. C. d’infanterie et des véhicules de tous genres. La neige tombe fine et drue et, de temps à autre, une grande flamme illumine l’horizon, c’est un dépôt de gargousses ou de grenades qui saute. Le 25, ils occupent l’éperon qui entre Tavannes et Moulainville surplombe la Woëvre. Le 26,le fort de Douaumont, premier pilier de la défense, a été enlevé le matin par surprise par l’ennemi. Le général Pétain vient d’arriver, l’armée s’organise puissamment.
Le lendemain, le 27 février, un affreux bombardement s’abat sur les ruines de Vaux et sur les baraquements de Souville qui bientôt ne forment plus qu’un brasier.Le 3ème groupe fait une concentration sur le vallon de Vaux et l’attaque n’a pas lieu.
La période qui va suivre est surtout marquée par la fréquence journalière des tirs à obus toxiques, les gaz qui s’en dégagent stagnent dans les ravins et rendent plus épouvantable encore l’existence des coureurs et des téléphonistes. L’aviation allemande continue son oeuvre déprimante. Le 7mars, le régiment espère une relève mais la relève de l’artillerie est suspendue car une attaque est imminente.
Pendant toute la journée du 9, la situation dans la région de Vaux est confuse.Le soir, trois officiers de la 8e batterie, ensevelis dans un abri par un obus à gaz, sont évacués avec d’horribles brûlures, ce qui porte à plus de 15 les pertes de ce jour. Le 10, c’est la relève du 3ème groupe, épuisé.
« Mon PC, du 25 février au 10 mars, sur la route de Souville à Tavannes. Intact à mon arrivée, il reçoit 7 obus pendant mon séjour. C’est pour moi la période la plus dure de la guerre. Photographie prise au mois de mai tandis que j’étais à Tavannes. «

A Verdun, nos canons sautent et les éclats tuent nos servants. »

« 10 mars 1916. Mon arrivée à Vaudrecourt en quittant l’enfer de Verdun. »

Le commandant Masson s’en va avec le colonel Bernard à l’aube du 13, sur une route parsemée de cadavres et de débris de toutes sortes. Là des voitures, là des chevaux coupés en deux, tout n’est que chaos dans cet arrière front de Verdun.
Bilan pour le 47ème régiment de cette bataille de Verdun : trente-six tués, quatre disparus, cent blessés… Son déchet en chevaux dépassait deux cents. Chaque batterie a dû remplacer au moins deux fois
ses canons et a tiré chaque jour plusieurs fois le plein de ses coffres.
Verdun fut un charnier, un chaos.
Pas un atome de terre, sur les flancs torturés de ces collines qui n’ait entendu souffrir, ou qui n’ait vu mourir.
Le groupe 3 a alors jusqu’au 12 avril 1916 un repos complet dans la région de Foug.
« Mars 1916. A Foug. On ne pense plus à la guerre. »
portrait de Léon

« A Foug. Christe. 7ème batterie. »

« Dreyfus. 7ème batterie. »

« 1er avril 1916. Repos bien gagné à Foug. Nous allons, le Colonel Bernard et moi, visiter le fort de Liouville qui est considéré par les Allemands comme entièrement détruit. »

« Autre aspect des souterrains de Liouville. »
(La photo est bien abimée…)

« A la popote à Foug. Mignin, Dreyfus, Aubert, Monnot, Bagot. Excellente période. »

« Avril 1916 – L’usine de pyrotechnie de Foug. Commandant Aubert – Capitaine Boisseau. »

« Monnot – Dreyfus – Bagot – Vacon le 11 avril 1916. »

Puis le 12 avril, ils évacuent les cantonnements pour retourner au front de Verdun …
« En route de nouveau pour Verdun. On n’est pas gai !
Rigaud – Mégnin – Aubert – Bagot. »

Du 15 au 20 avril 1916, c’est l’attente précédent la montée en ligne, les commandements sont réorganisés.
Le 21, le 3e groupe, qui, lors de la première affaire, a été le plus sérieusement engagé, est logiquement désigné pour occuper la meilleure des trois positions. Près du carrefour de la Madeleine, à bonne distance des lignes, il peut diminuer ses pertes et, grâce à des liaisons relativement faciles avec l’arrière, réduire au strict minimum la fatigue des conducteurs et des chevaux. Il coopère énergiquement à la défense du front dont il a la garde.
« avril 1916 – Verdun, le haut de la rue Saint Pierre »

« la rue Mazel face au collège qui est vu dans le fond. »

« Le théâtre vu du Pont-Neuf – Intérieur effondré. »

« 27 avril – Les bords de la Meuse pris du Pont Sainte Croix. »


« Mai 1916. Le 3ème groupe jouit du beau soleil au milieu du bois de la Madeleine. On banquète et on fait de la musique. Mais on rentre précipitamment le phonographe lorsque les marmites et les 13 viennent l’accompagner. Aubert, Dreyfus, Astier, le brave Rigaud (tué le 24 avril 17), Bagot, Christe. »

« Les échelons du 3ème groupe dans le fond de Belrupt, si bien camouflés qu’au milieu des mariages de leurs voisins, ils n’ont jamais pu être repérés. Mai 1916. La visite des chevaux. le vétérinaire Lamy et le gros adjudant Paquette. »

« La cour du fort de Tavannes après l’explosion du 7 mai nous bouchant dans notre casemate. »


Relevés de Verdun dans la nuit du 18 au 19 mai 1916, les groupes s’en vont bivouaquer à Senoncourt.
« 21 mai. La maison de mon ami Vincent à Haussignémont. »

Le 22 ils embarquent à destination des Vosges. Les groupes débarquent à Bruyèrs, Cornimont et La Chapelle.
« 22 mai 1916. En gare de Revigny. Obus boches de 420 et de 380. Astier, Waelir, Bagot et moi.

Du 25 au 30 mai, les unités restent en place. C’est le repos. Les hommes profitent de l’air pur des Vosges.
Les hommes bénéficient d’un calme à peu près complet pendant cette trop courte période, mais les officiers doivent encore l’abréger pour aller faire les reconnaissances des secteurs qu’ils iront occuper.
Puis les batteries ont une action défensive dans différents secteurs. Pendant cette période, les hommes en étalant leurs dispositifs font de longues randonnées au grand air. C’est une période assez calme, avec seuls quelques blessés légers.
« Le jeune Bagot, 7 ème batterie, puis mon adjoint. »

« Quelle drôle de guerre ! Lamy et Bagot dans le secteur de Guebviller. juin 16. »

« Juin 16. Ilbert en observation sur le Guebviller. »

« « 21 juin. Charmante promenade. Pose au lac de Schiessroth. Delcrot et Ebersolt. »

« Juin 16. Promenade avec le Colonel Bernard au Hohneck. Hôtel du sommet. »

juillet 1916 : permission à Dijon et en route vers la Somme …

« 9 bons jours de permission au milieu des miens à Dijon. J’y retrouve Alice et Henri. Du 27 juin au 5 juillet 1916. »
A gauche, on voit Alice, la soeur aînée de Léon. Elle est mariée à Alexis Basse et a deux fils, Henri et André. A côté d’elle : Suzanne, Léon et Camille.

Camille et ses deux filles.


Léon !

deux portraits de Camille

Cécile avec Suzanne en arrière plan.

Le 18 juillet 1916, les trois groupes atteignent la zone de Bruyères où ils s’embarquent vers le 20.
« En route pour la Somme. Lamy – Ilbert – Dreyfus – Astier – Wadis – Bagot – Rigaux – 19 juillet 1916. »


Le 21 au soir, les unités débarquent aux abords immédiats d’Amiens, en arrière du front où l’offensive du général Foch bat son plein.
« 2 jours avant de monter en secteur, un repos me permet d’aller à Amiens embrasser Louise et ses enfants. 22 juillet 1916. »
Louise et son frère Léon

Louise entre ses deux filles Annette et Thérèse.

Léon entre ses deux nièces Annette et Thérèse.

J’ouvre un nouvel article pour continuer l’album car il devient un peu long !!!
Pour voir la suite, cliquez là !